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mardi 22 avril 2014

2014-04-22 « Un nouveau départ pour le sport français », pour un nouveau modèle ?

En intitulant son discours à l'attention des membres du CA du CNOSF " un nouveau départ pour le sport Français" , c'est une façon à peine voilée de considérer que le précédent gouvernement a réalisé un faux départ.

Et pourtant, en faisant référence au discours de Créteil du candidat François Hollande, la nouvelle ministre n'a fait que reprendre les grandes orientations de Valérie Fourneyron en les plaçant sous la devise de la république :

-    « Liberté, parce que le sport est vecteur d'émancipation du corps et de l'esprit ;
-    Egalité, parce que les pratiquants, les licenciés, les compétiteurs sont soumis aux mêmes règles et que leur travail et l'engagement - et pas leur condition de naissance - détermine normalement le résultat ;
-    Fraternité, par ce sentiment d'appartenance à un même groupe humain, à une identité et par la solidarité qui unit les sportifs dans l'apprentissage, l'entrainement, la compétition, et la vie du club ou d'une fédération (oui l'idée d'un collectif humain). »

Pour être complet et marquer d'entrée son positionnement, la ministre y ajoute une teinte de laïcité et un principe la neutralité politique.

4 priorités qui s'inscrivent dans la continuité du précédent gouvernement

-    « Donner toute sa place au sport comme un outil éducatif » avec une forte incitation du mouvement sportif à prendre toute sa place dans la réforme des rythmes scolaires
-    « Faire du sport un outil de promotion de la santé publique » avec une volonté de ne pas tout réinventer et d'accentuer les mesures des « plans régionaux sport santé bien être ».
-    « Résorber les inégalités d'accès à la pratique sportive » était également une priorité du précédent gouvernement mais teintée de "sport dans la ville". La ministre a réservé sa première visite sur le terrain au dispositif "sport dans la ville à Lyon et entend "ouvrir une concertation en vue de l'élaboration d'une initiative sur le Sport dans la Ville, qui doit être dans l'esprit de la ministre l'un des piliers du plan de renouvèlement urbain que je présenterai à la fin de l'année"
-    « Faire du sport un outil de rayonnement international et de développement économique ». On se souvient que le précédent gouvernement a proposé que la stratégie internationale du sport français soit confiée au Comité Français du Sport International CFSI ( on note en passant que les autres pays européens ne se posent pas ce type de question !). La nouvelle ministre va plus loin et souhaite la création d'une filière de l'industrie du sport. Une proposition a été faite dans ce sens à Arnaud Montebourg.


Quant à la méthode ...

La ministre a affirmé être "intimement convaincue qu'il ne peut pas y avoir d'un côté le mouvement sportif, - vos fédérations - et de l'autre le ministère des sports." et a posé les bases d'une relation de confiance tout en considérant que " Chacun doit consentir au principe que nous devons ensemble bouger nos lignes, consentir au doute, consentir au nécessaire changement pour nous réformer, pour réformer la France et son modèle sportif. C'est cette méthode, que je vous propose. Je crois qu'il existe un mot pour la caractériser, même s'il n'existe que dans la langue anglaise : le fairplay."

D'abord les objectifs et ensuite la gouvernance ?

Plus précise la ministre a annoncé que " cela a peu de sens d'aborder les questions de gouvernance, si nous ne mettons pas ces questions au service d'objectifs que nous partageons. Prenons le temps de revenir sur ces objectifs, y compris en se donnant des cibles très précises et chiffrées, avant d'envisager une loi qui de mon point de vue n'a de sens que si elle est mise au service de ces objectifs. Ce type de loi porte un nom : une loi de programmation." Toute la question est de savoir ce que la ministre entend par objectifs .... l'expérience a montré que les orientations politiques étaient partagées (difficile d'être contre les 4 orientations réaffirmées), que les objectifs étaient souvent consensuels quant à la gouvernance c'est elle qui fait blocage.

On se souvient en effet que le CNOSF pour faire contrepoids au projet de loi de modernisation du sport a de son coté élaboré son projet pour le sport français et avait, à la veille du remaniement ministériel menacé d'écrire aux élus de la nation pour dénoncer justement "des conditions ne permettant pas la mise en place d'une gouvernance rénovée telle que souhaitée par le mouvement sportif".

Certes la politique sportive de la France ne se limite pas à la politique du mouvement sportif mais on voit difficilement comment un ministre des sports quel qu'il soit pourra réussir contre le mouvement sportif.

Aussi nous souhaitons que la nouvelle ministre réussisse dans sa volonté de "réformer la France et son modèle sportif." Nous l'invitons aussi à ne pas perdre de temps pour lancer ce nouveau départ, nous n'en avons que trop perdu.

Aprés deux faux départs c'est l'élimination !

Par contre nous avons la conviction qu'il faudra discuter du modèle et donc de la place des acteurs, de leur contribution respective au service public du sport avant certainement de se mettre d'accord sur les objectifs (cf nos précédents éditos) ! Question de méthodes sans doute mais question essentielle car après deux faux départs c'est l'élimination ! ou plutot c'était l'élimination, désormais la règle c'est un faux départ par concurrent !

Lien vers tous nos éditos http://patrick-bayeux.blogspot.fr/

2014-01-14 Loi de modernisation du sport : quel service public ? Quelle intervention de l'Etat ?
2014-01-07 Loi de modernisation du sport : des axes mais pour quel modèle ?

Modernisation du sport contribution au débat.